La famille Le Domas a une tradition des plus étranges lorsqu’il s’agit d’accueillir un nouveau membre dans sa famille : à minuit pile le soir du mariage, le nouveau venu doit jouer une partie de jeu de société avec eux, en honneur de l’empire ludique qu’ils ont établi. Celui-ci est choisi au hasard, mais gare à celui qui tombe sur le fameux cache-cache, car il se retrouvera alors chassé par tous les membres de la famille afin d’accomplir un sacrifice rituel. Pas exactement la nuit de noces dont avait rêvé Grace…
Premier constat lorsqu’on regarde le film : celui-ci est bien fait, et l’on ne s’ennuie pas. L’histoire est simple et va droit à l’essentiel, le suspense est maintenu tout le long, et l’humour noir fonctionne généralement bien. Pour autant, même si on rigole, la plupart des blagues sont vues et revues (le meurtre accidentel d’une des domestiques, duquel découlera une scène où sa lente agonie interrompt le discours grave d’un autre personnage en est l’exemple le plus frappant), et la réelle surprise du film provient des personnages, qui sont tous hauts en couleur et parfois étonnamment justes dans leurs émotions (le personnage d’Alex en particulier est beaucoup moins unidimensionnel que ce à quoi je m’attendais par exemple).
Le film se dote de plus d’un commentaire social, mais ici aussi on frise le cliché. On y parle des riches et leur monde bizarre rempli de traditions lugubres, la famille Le Domas ayant fait un pacte avec le diable pour s’enrichir. Pour être sûrs de garder leur fortune, ils n’hésitent donc pas à sacrifier les pauvres et les innocents, une métaphore que l’on qualifiera pudiquement d’appuyée. Une petite idée intéressante en découle néanmoins dans le film, sauvant de justesse le propos : si on apprend que le sacrifice rituel n’arrive finalement que très rarement, les victimes ne semblent pas choisies au hasard. Les “pièces rapportées” précédant Grace présentées dans le film font toutes preuve d’une forme d’arrivisme qui les rendent propices à accepter (littéralement et métaphoriquement) les règles des riches, et de fait toute personne ne partageant pas ces codes serait non seulement exclue, mais persécutée pour protéger la famille.
Mais là où le film pêche le plus par son manque d’originalité est indéniablement au moment de la conclusion. L’explication donnée en début de film pour justifier la chasse, à savoir “si nous ne tuons pas la fille, toute notre famille va mourir” sonne plus comme une promesse au spectateur. En effet, nous n’attendons qu’une chose, que le rituel échoue et que les méchants reçoivent leur dû, et de manière spectaculaire. Difficile dans cette configuration de ne pas penser à La Cabane dans les Bois (Drew Goddard, 2011), qui présentait une promesse similaire en début de film, et qui tient parole de la façon la plus jouissive qui soit (je n’en dis pas plus, allez le voir). Malheureusement, Wedding Nightmare souffre de la comparaison, et bien que le dénouement nous amène une bonne dose de gore, celui-ci semble expédié et sans inventivité, et le spectateur restera sur sa faim.
En conclusion, si vous êtes un fana d’horreur potache et sans complexe, ce film pourra vous satisfaire de par sa bonne facture, loin devant les productions Blumhouse de second rang (je te regarde droit dans les yeux, Action ou vérité). J’ai moi-même passé un vrai bon moment devant. Malheureusement, pour un film plus recherché, on repassera.