Double-Séance Silent Hill

Les doubles-séances vous invitent à passer la soirée devant deux films qui, chefs d’œuvres comme nanars, vous garantissent de passer un bon moment de détente, avec une activité s’éloignant du cinéma pour l’entracte. Pour bien continuer dans la détente, la séance de ce soir propose un bon film et sa suite, qui tombe sans complexe dans le nanar, un régal !

Préparation

Pour cette séance placée sous le signe des déformations corporelles, des châtiments sadiques et des tortures d’enfants, éteignez toutes les lumières et blottissez-vous sous une couette avec une bonne tasse de thé bien chaude, seul(e) ou encore bien accompagné(e).

Première séance à 20h – Silent Hill

Silent Hill

Bienvenue à Silent Hill, ancienne ville minière devenue ville fantôme du fin fond des États-Unis. Gare à qui s’y perdra, car vieux démons et âmes torturées peuplent cette bourgade, qui se transforme littéralement en enfer sur terre une fois que la sirène retentit. C’est pourtant là que se dirigent Rose et sa fille adoptive Sharon, bien décidées à faire la lumière sur le passé de la petite qui semble étrangement liée à la ville…

Tiré d’une des franchises d’horreur les plus emblématiques du jeu vidéo, Silent Hill impressionne dès le début par une ambiance juste et très fidèle au jeu. Les murs suintent, les cendres tombent constamment sur la ville, empêchant de distinguer les formes et chaque nouveau monstre nous révulse. Dans ce monde rempli de torture, le bourreau ultime est un géant à la tête enfermée dans une pyramide qui traîne une épée rouillée sur le sol, et chacune de ses apparitions vous retournera le sang.

Si j’adore le film pour cet aspect dégueulasse qu’il projette, je dois avouer qu’il pêche un peu par sa narration : l’héroïne avance d’indice en indice et de lieu clé en lieu clé sans réelle cohérence globale, jusqu’à arriver à la scène finale. Celle-ci, grandiloquente, n’aura peut-être pas l’impact viscéral qu’ont les différentes rencontres de monstres qui ponctuent le film, mais il est indéniable qu’elle termine le film en beauté. Dans l’ensemble, ce film est donc bien une réussite !

Fin de la séance : aux alentours de 22h

Entracte à 22h – lisez l’album d’Astérix Le ciel lui tombe sur la tête (si vous aimez vous faire du mal)

Maintenant que vous avez fini un premier film plutôt intense pour votre coeur, que diriez-vous d’une bonne BD pour vous calmer, une qui vous ramènera vers votre enfance ? Pourquoi pas un album d’Astérix par exemple ?

Malheureusement celui que je vous propose de lire est Le ciel lui est tombé sur la tête, trente-troisième album d’Astérix et dernier scénarisé et dessiné par Uderzo (et heureusement, par Toutatis !). S’il est indéniable que la série avait continuellement décliné depuis la mort de Goscinny, elle n’est jamais tombée aussi bas qu’avec cet album.

Dans cette aventure, Astérix rencontre en effet des extra-terrestres qui sont de bien piètres métaphores des cultures américaines et japonaises, remplies de super-héros et de mangas. Des super-héros et des mangas, dans Astérix ! Finies les gentilles caricatures des différents pays et de leur histoire, on est ici face à une BD que je n’hésiterai pas à qualifier de réac par sa représentation des bandes-dessinées étrangères, et qui surtout n’est drôle à aucun moment.

Fin de l’entracte : aux alentours de 22h30

Deuxième séance à 22h30 – Silent Hill: Revelation 3D

Silent Hill 2

S’il y a bien une chose pour laquelle on peut féliciter Silent Hill: Revelation 3D, c’est bien son honnêteté. En accolant au titre original l’épithète “Revelation”, proche en termes d’originalité du classique “Apocalypse”, et surtout en précisant dans le titre même la qualité 3D du film, celui-ci ne se cache pas : bienvenue dans un bon gros nanar des familles !

On va y suivre Heather, anciennement connue sous le nom de Sharon, sur les pistes de son passé et des raisons qui poussent son père et elle à être constamment en fuite. Ne vous excitez pas trop, les seules révélations que nous promet pourtant le titre sont celles que l’on connaissait déjà du premier film. Ah non pardon, on a aussi droit à une prophétie générique d’invocation de puissant démon ancien en fin de film – rien de neuf sous le soleil des suites ratées donc.

Le vrai plaisir provient donc des situations plus ubuesques les unes que les autres et des acteurs en roue libre1. La palme du n’importe quoi étant remportée par Pyramid Head, qui passe de tortionnaire sadique et terrifiant à gentil protecteur badass de notre héroïne. Cela permettra alors de passer au plat de résistance de toute suite de film d’horreur qui se respecte : une grosse baston finale entre monstres dans une arène entourée de flammes ! Yeah baby, les scènes d’horreur c’est pour les chochottes, les vrais bonhomme ils veulent du FIGHT !

Comme vous pouvez vous en douter, le film ne propose pas beaucoup de moments de frayeur, leur préférant des scènes grandiloquentes d’action de mauvais goût. Même des scènes qui commencent plutôt bien, à l’instar de celle avec les infirmières, finissent en gloubi-boulga numérique. Attendez-vous donc surtout à rire, et à vous détendre après un premier film qui n’hésite pas à choquer par sa violence. Comme ça vous pourrez faire de beaux rêves !

Fin de la séance aux alentours de minuit.

Conclusion

On pourra être déçu de la tournure tragique qu’a pris la franchise aussi rapidement. Le premier film n’est certes pas exempt de défaut, mais il les compense largement par une ambiance aux petits oignons et des vrais moments de terreur efficaces, et perdre cela pour finalement ne gagner qu’une bonne tranche de rire est toujours un peu triste.

Toutefois, il y a de quoi garder espoir. En effet, Christophe Gans, réalisateur du premier opus, a annoncé en janvier dernier travailler sur une suite de la franchise au cinéma. Si cela a de quoi nous redonner le sourire, une question subsiste : aura-t-il le courage d’assumer les événements de Revelation 3D ou bien va-t-il subtilement passer tout le film à la trappe, comme cela se fait si souvent aujourd’hui ? Seul le temps nous le dira, mais personnellement j’aimerais bien que l’on commence à respecter un peu plus les suites sorties au cinéma, aussi honteuses soient-elles. Et surtout, j’ai bien envie de voir quelle justification on va avoir pour un Pyramid Head devenu bisounours. Peut-être peut-on s’attendre à rire encore quelque temps ?

Si vous n’êtes pas encore fatigués

Après vous avoir présenté une suite qui fait du bien tant elle fait rire (Revelation 3D), et une qui fait du mal tant elle manque de respect à ses prédécesseurs (l’album d’Astérix), je laisse le choix aux plus couche-tard d’entre vous. D’un côté, pour continuer la rigolade, ne passez pas à côté de Rocky IV, opus dans lequel Rocky a le temps d’arrêter la guerre froide entre deux achats de robots domestiques. De l’autre, si vous aimez faire faire le grand huit à votre tension, regardez plutôt Kick-Ass 2, qui confond l’irrévérence bien dosée du premier opus avec une vulgarité crasse, et qui troque une réflexion intéressante sur les super-héros à l’ère du numérique pour des banalités allant à l’encontre des propos du premier. Bon visionnage !


1 On pensera bien évidemment à Malcolm McDowell, pierre angulaire des films cheap en manque de vieux fou !